Qui sont les journalistes d’aujourd’hui ?

Qui sont les journalistes d’aujourd’hui ?

Une étude de l’observatoire des métiers de la presse et de l’AFDAS propose un état des lieux précis de la profession à partir des données de la Commission de la carte (CCIJP) de 2012. Avec pour enseignements principaux : le déclin de la presse écrite, le renforcement de la précarisation et une féminisation croissante du métier. Compte-rendu.

Une profession en légère reprise ? En 2012, le nombre de journalistes titulaires de la carte de presse s’est élevé de +0,5% par rapport à 2011 pour se porter à un total de 37.477. Cette très apparente remontée masque plus une stagnation généralisée du nombre de journalistes depuis les années 2000. En 2010, le nombre de journalistes encartés avait même baissé pour la première fois

La commission de la carte (CCIJP) est l’instance qui délimite chaque année les contours de la profession en accordant la célèbre carte de presse. Ses membres examinent attentivement chacun des dossiers déposés par les prétendants et vérifient principalement si la personne exerce des activités bien conformes au journalisme et s’il en a assuré dans l’année une quantité suffisante par rapport à l’ensemble de ses revenus. En effet, n’importe qui ne devient pas journaliste. La Commission refuse même régulièrement certaines demandes : en 2008, la CCIJP a refusé 444 dossiers, soit près de 1% des dossiers examinés.

De manière générale, on assiste à un vieillissement de la population des journalistes. La moyenne d’âge des professionnels encartés ne cesse en effet de progresser : en 2012, elle s’élève à 42,9 ans même si les journalistes recrutés en CDD et en pige font fortement baisser la moyenne.

Presse écrite en déclin

Sans doute en lien avec ce vieillissement démographique, la presse écrite retient de moins en moins de journalistes en tant que secteur de travail. C’est d’ailleurs en presse écrite que la moyenne d’âge reste la plus élevée.

Comme l’observe le rapport de l’observatoire des métiers de la presse et de l’AFDAS : « la presse écrite constitue toujours le premier secteur d’activité des journalistes, mais il diminue régulièrement : 62% des journalistes encartés pour la première fois y travaillent (- 8 points par rapport à 2000) » . Le papier poursuit également sa baisse : en 2012, 32,7% des journalistes demandant pour la première fois la carte déclarent ce support comme activité de leur part contre 67% en 2000.

Précarité

La forte jeunesse des journalistes qui travaillent dans la production et en agences audiovisuelles contraste avec ce secteur de la presse écrite en déclin. Mais ici, jeunesse va de pair avec une forte précarisation du métier. En effet, dans ce secteur près de 90% des emplois sont attribués en CDD ou à la pige. De manière plus générale, la précarité explose : 61,2% des journalistes encartés pour la première fois en 2012 sont pigistes ou en CDD. « Ce sont les jeunes qui sont les plus concernés par les contrats précaires : parmi les moins de 26 ans, deux journalistes sur trois sont pigistes ou en CDD (67,9 %), soit 17,9 points de plus en quatre ans », précise le rapport.

Plafond de verre

Une dernière grande tendance qui se prolonge dans les dernières années tient dans la féminisation de la profession. En 2012, les femmes sont 45,7% du total des encartés et 56,2% parmi les premières demandes. En revanche, elles sont plus touchées par la précarité et parviennent plus difficilement à occuper des postes à responsabilités. Dans les fonctions de direction elles sont en moyenne un tiers ce qui souligne bien à quel point elles continuent de se heurter comme dans de nombreuses autres professions (comme les chercheuses du CNRS par exemple) à la persistance d’un « plafond de verre ».

Crédit photo : Alain Bachellier

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