Les écoles de journalisme en France : un bref panorama

Les écoles de journalisme en France : un bref panorama

Les formations au journalisme en France

Il existe plus de 70 formations au journalisme en France. Mais ces formations recoupent à la fois des cursus reconnus par la profession et des écoles non reconnues que certains syndicats, comme le Syndicat national des journalistes (SNJ), qualifient parfois très péjorativement de « marchands de soupe » [1].

Il existe aujourd’hui quatorze cursus d’écoles de journalisme reconnues par la profession. Les écoles sont en effet reconnues par une Commission Paritaire Nationale de l’Emploi des Journalistes (CPNEJ) qui réunit à part égale des représentants des syndicats et des employeurs du secteur des médias. Cette reconnaissance existe de manière ancienne puisqu’elle a été fondée à la Libération puis en 1956.

Cette commission examine régulièrement les demandes de reconnaissance et évalue les cursus des écoles existantes. Pour une liste complète des critères employés, vous pouvez regarder ici sur le site du Syndicat National des Journalistes.

Francs-maçons contre catholiques

Avant d’aller plus loin, une brève description des écoles de journalisme et de leur histoire s’impose. Les premières écoles de journalisme se sont développées à partir du XIXème siècle. L’école la plus ancienne est l’École Supérieure de Journalisme de Paris (ESJ de Paris) qui a été créée dans le contexte de l’affaire Dreyfus. L’objectif de sa fondatrice Dick May, franc-maçonne, était de former des intellectuels à même de résister aux antidreyfusards et de diffuser les idées radicales et laïques [2]. Dès 1924 se développe une nouvelle École Supérieure de Journalisme à Lille. Cette formation est soutenue localement par des milieux catholiques et vise à former une élite de journalistes catholiques capables de résister aux idées franc-maçonnes et anticléricales.

Ensuite, c’est à la Libération après 1945 que l’on voit se mettre en place le Centre de Formation des Journalistes de Paris. Ce CFJ est fondé par des résistants (Philippe Viannay et Jacques Richet) et souhaite prolonger le combat de la Résistance dans le journalisme.

Dans les années 1960, l’université se met également à former des journalistes. D’abord à Strasbourg dans une perspective de coopération internationale avec ce qui s’appelle le CIESJ et qui va devenir le CUEJ de Strasbourg. Puis ensuite la formation se développe dans divers IUT (Bordeaux, puis Tours) ainsi qu’au Celsa à la fin des années 1970.

De manière plus récente, on a vu certaines écoles se voir reconnaître à partir des années 2000 pour des raisons proches de l’aménagement du territoire et d’une recherche d’équilibre géographique : privées comme l’École de Journalisme de Toulouse ou publiques comme l’école de Grenoble et l’IUT de Lannion.

Enfin, last but not least, dernière reconnue, l’École de Journalisme de Sciences-Po Paris fait un peu figure d’exception car elle revendique une forte internationalisation de ses enseignements. De manière générale au sein de l’IEP, il faut savoir que 70% des étudiants sont des étrangers. L’école a par exemple signé un accord avec la prestigieuse école de journalisme de l’Université de Columbia de New York pour mettre en place un double diplôme de Master de journalisme. Dans la foulée de Sciences-Po Paris de nombreux IEP de région se sont eux aussi dotés de leur formation au journalisme dans les années 2000.

Une sélection importante

Quelles différences existent-elles entre les écoles de journalisme ? Il existe d’abord une démarcation importante entre les écoles publiques et privées. En effet, les droits d’inscription des écoles publiques (IUT de Lannion et Tours, Celsa, CUEJ, ECJM, EJDG) sont proches de ceux de l’université et avoisinent les 300 ou 400 euros. Il faut savoir que ce prix reste peu élevé au regard du coût réel d’un étudiant en journalisme à l’Etat puisqu’on doit tourner davantage selon les écoles entre 4000 et 6000 euros par étudiant. Ce prix très élevé tient au fait que ces formations utilisent beaucoup de matériels techniques (studios de télévision, radio, internet, PAO…) au coût très élevé. De plus, au sein de ces écoles, le taux de sélection est important et du coup la pédagogie s’effectue dans le cadre de petits groupes – ce qui là encore se traduit par un prix élevé. Autrement dit, ces formations publiques garantissent une formation de qualité à un prix tout à fait envisageable pour des étudiants modestes. Dans ces écoles publiques, Sciences Po Paris occupe une position un peu à part car l’école de la rue Saint Guillaume demeure assez autonome de l’Etat dans ces choix de politique éducative.

Il existe également les écoles privées (CFJ, ESJ, EJT, IPJ) qui sont pour deux d’entre elles (ESJ et CFJ) plus anciennes que les écoles publiques. Du coup, elle bénéficie d’une histoire prestigieuse et de traditions assez anciennes de formation. Leur frais d’inscriptions restent assez élevés et avoisinent les 4 000 euros par an. Ces écoles restent assez dépendantes dans leur financement de l’aide des entreprises (de médias mais aussi de manière générale) qui leur est donnée par la taxe d’apprentissage. Les frais de scolarité sont en effet loin de couvrir le coût réel de la scolarité d’un étudiant dans ces écoles. Ce point explique pourquoi périodiquement certaines de ces écoles (IPJ, ESJ et CFJ) ont pu ressentir des difficultés financières, notamment à la fin des années 1990.

Il faut donc bien savoir identifier l’école que vous visez et pouvoir authentifier la qualité de la formation qui y est délivrée. Ainsi, des écoles comme l’ISCPA ou l’école de journalisme de Nice Nouvelles délivrent une formation de qualité, parfois assez proche dans leur contenu de la formation dispensée dans des écoles de journalisme dites « reconnues », mais son prix reste assez élevé atteignant parfois plus de 6000 euros de frais d’inscription pour une année de formation.

Il est donc préférable de viser les 14 écoles de journalisme reconnues et c’est ce à quoi s’emploie notre nouvelle préparation aux écoles de journalisme dans le cadre de Prepenligne. Il existe une liste des écoles reconnues par la profession. A savoir :

  • le Celsa et son Master de journalisme situé à Neuilly sur Seine
  • le Centre de formation des journalistes (CFJ) de Paris
  • le Centre Universitaire d’Enseignement du Journalisme de Strasbourg (CUEJ)
  • l’École de Journalisme de Science Po Paris
  • l’École de Journalisme de Grenoble (EJDG)
  • l’École de Journalisme et de communication de Marseille (ECJM)
  • l’Ecole de Journalisme de Toulouse (EJT)
  • l’École Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ)
  • l’Institut Français de Presse (IFP) de Paris
  • l’Institut de Journalisme de Bordeaux Aquitaine (IJBA)
  • l’Institut Pratique de Journalisme (IPJ) de Paris
  • l’IUT de Lannion
  • l’IUT de Tours
  • l’Ecole de journalisme de Cannes – IUT Nice Côte d’Azur

Pour plus d’information sur les taux de sélection, nous vous recommandons de consulter le site de la Conférence nationale des métier du journalisme.

La meilleure école de journalisme ?

Comment dans cette profusion choisir son école ? Quelle est la meilleure école de journalisme ? Il est presque impossible de classer les écoles de journalisme. Si vous demandez à un journaliste ancien du Celsa ou du CFJ, il y a de fortes chances qu’il défende sa formation d’origine. Donc, il n’existe pas de classement objectif.

Toutefois, au sein des écoles reconnues, il existe une hiérarchie assez informelle. Elle est perceptible lorsque l’on interroge des jeunes étudiants en journalisme qui sont rentrés dans plusieurs de ces formations et ont finalement choisis l’une d’entre elle. Ils accordent le plus souvent une supériorité dans la formation au CFJ de Paris, à l’ESJ de Lille, et Sciences Po Paris. Puis viennent en général le CUEJ de Strasbourg, le Celsa de Neuilly et l’IJBA. Et enfin, les IUT de journalisme et l’IFP.

Ces différences tiennent à l’ancienneté des écoles, à leur histoire, au poids de leur réseau d’anciens dans la profession, à leur localisation géographique, au niveau d’étude (Baccalauréat, licence, M1) dont disposent les entrants dans l’école, au prestige des intervenants qu’elle parvient à réunir, à la qualité des universitaires qui animent certaines formations. L’ensemble de ces critères se combinent avec le regard de certains professionnels des ressources humaines dans le métier mais aussi de journalistes qui croisent certains stagiaires issus de ces écoles. Cela contribue à fonder des réputations d’écoles assez différentes.


[1] « Non aux marchands de soupe », SNJ, Le Journaliste, dernier trimestre 2002.

[2] Il faut noter que cette école n’est toujours pas reconnue par la profession malgré de multiples tentatives dans ce sens. Une des raisons en est l’importance des droits d’inscription.

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