L’École de Journalisme de Sciences Po et les formations dans les IEP
La dernière école reconnue par la Commission Paritaire Nationale de l’Emploi des Journalistes (CNPEJ) n’est autre que l’École de Journalisme de Sciences-Po Paris. Cette école a été fondée en 2004 sur la demande de Richard Descoings. Celui-ci mandate Michèle Cotta, la journaliste dirigeant à l’époque AB Sat, pour produire un rapport sur la création d’une nouvelle école de journalisme. Fidèle à sa stratégie, Richard Descoings cherche à développer de nouvelles écoles professionalisantes au sein de Sciences-Po Paris [1].
Michèle Cotta auditionne plusieurs patrons de médias français et étrangers. Ils lui soulignent la nécessité d’une formation fondamentale pour les étudiants en journalisme car ceux-ci manqueraient de culture générale pour décrypter les évolutions contemporaines de nos sociétés. L’IEP de Paris revendique le fait de former des journalistes mais aussi des managers de médias. L’ambition internationale se voit très affirmée. L’école s’inspire fortement de modèles de formation existant à l’étranger (Columbia University à New York notamment, mais aussi la City University à Londres, où l’Istituto Carlo de Martino de Milan). L’enjeu pour cette nouvelle école est donc de devenir à terme une grande école de journalisme.
L’internationalisation des nouveaux enseignements passe par une pédagogie dans des langues étrangères (anglais notamment et espagnol dans une moindre mesure). Dans le rapport dirigé par Michèle Cotta, il est précisé que « l’internationalisation de la formation passera par le contenu même des cours et des ateliers ou séminaires. L’enseignement sera systématiquement comparatiste et portera souvent directement sur des sujets transnationaux. L’internationalisation se concrétisera par la pratique des langues. L’anglais sera considéré comme une langue de travail. Sans en faire un élément totalement discriminant au moment du concours d’entrée à l’école, la connaissance de l’anglais devra utilement être approfondie avant le début de la scolarité » [2].
L’idée de réaliser un semestre à l’étranger fait aussi consensus dans la Commission Cotta car elle permettait de se distinguer des autres écoles de journalisme. De manière assez significative, le site Internet de l’école est consultable en anglais. En 2004-2005, à son lancement, on comptabilise aussi un tiers d’étudiants étrangers et binationaux et l’institution revendique alors des échanges avec 240 universités à l’étranger. L’intérêt pour l’école reste qu’elle vise de la sorte un marché mondial du journalisme alors même que le marché national se caractérise le plus souvent par une forte précarité.
Or, l’école a aussi su évoluer avec le temps. Avec l’arrivée de Bruno Patino à la tête de l’école, elle oriente aussi ses enseignements vers le numérique et les nouveaux médias.
Dans le même temps, de nombreux autres IEP ont développé leur propre formation au journalisme au cours des années 2000 en délivrant eux-mêmes des Masters de journalisme de Sciences-Po. Ainsi, l’IEP de Rennes a lancé une formation intitulée « Journalisme et Sciences Sociales » dans laquelle il valorise la pratique de l’enquête auprès de ses étudiants journalistes. L’IEP de Grenoble ont aussi développé une formation dans le cadre d’un master de journalisme de Sciences-Po. Enfin, l’IEP de Toulouse a aussi enraciné sa formation à de la recherche sur les media studies et de ce fait l’IEP accueille de nombreux chercheurs américains spécialistes des médias aussi bien de Columbia que de la New York University (NYU). L’IEP de Lille a préféré pour sa part une formation sans doute plus tournée vers les techniques rédactionnelles et moins vers la recherche fondamentale sur les médias.
[1] Il le fait par exemple en développant une école des affaires publiques, puis une école de journalisme et ensuite une nouvelle école de communication.
[2] Conclusions de la Commission animée par Michèle Cotta sur la création d’une école de journalisme à Sciences Po, p. 12.