Une nouvelle école de journalisme reconnue à Cannes-Nice

Une nouvelle école de journalisme reconnue à Cannes-Nice

Comme tous les 5 ans, la Commission Paritaire Nationale de l’Emploi des Journalistes (CPNEJ) a examiné l’ensemble des demandes émanant de la part d’écoles en journalisme pour obtenir le célèbre label. L’IUT de Journalisme de Nice-Cannes décroche le précieux sésame alors que le cursus de l’IEP de Grenoble reste sur le carreau.

Un nouveau venu fait son entrée dans le club très select des écoles de journalisme reconnues. L’école publique de journalisme de Cannes vient de voir en janvier dernier son cursus de DUT en information et communication mention journalisme labellisé. Cette reconnaissance porte à 14 le nombre de cursus agréés par la Commission. Il s’agissait pour cette école de la deuxième tentative de décrocher le précieux sésame. En 2009 déjà, Jacqueline Papet alors représentante de la CFDT-Journalistes et également membre de la Commission des IUT avait trouvé « valable » le dossier de l’IUT de journalisme. « Elle avait  regretté qu’il soit alors écarté suite à un trop fort nombre d’écoles candidates…. » précise un compte rendu du syndicat CFDT[1].

Attachement à la diversité

La CPNEJ (Commission paritaire nationale de l’emploi des journalistes) est l’agent qui accorde ce label[2]. Elle est composée d’une vingtaine de représentants du monde professionnel (presse quotidienne nationale, presse quotidienne régionale, presse hebdomadaire, presse spécialisée, presse magazine, agences de presse, audiovisuel…) et des syndicats de journalistes (5 confédérations et le SNJ). La CPNEJ reconnait à présent des cursus et non des écoles. Elle le fait sur la base de 10 critères précis définis par un accord datant de mai 2008[3], comme par exemple l’existence d’un conseil pédagogique, ou le taux d’insertion des diplômés. Elle exige également le respect d’un réferentiel de professionalisation garantissant, selon elle, une bonne transmission des compétences du métier : par exemple techniques professionnelles, connaissance de la profession, du fonctionnement d’une entreprise de presse, de son environnement économique…

Cette reconnaissance d’un DUT s’inscrit d’ailleurs dans le cadre de préconisations plus large réalisées dans un rapport sur la diversité dans les écoles de journalisme réalisé pour la Conférence nationale des métiers du journalisme. Ce rapport invitait la CPNEJ à continuer de reconnaitre des cursus à niveau bac +2 afin de favoriser une plus large diversité sociale dans le recrutement des futurs journalistes, les étudiants issus de classes populaires étant plus largement représentés dans ces IUT que dans les grandes écoles de journalisme (type CFJ, ESJ, Celsa, CUEJ…) recrutant à un niveau de master[4]. « La reconnaissance de cet IUT, comme ceux de Lannion et de Tours, par la CPNEJ souligne l’attachement [de la Commission] à la diversité nécessaire des cursus de journalisme dont le nombre s’établit désormais à 14 », précise le syndicat CFDT.

Malthusianisme

Avant cette école, la dernière formation reconnue était celle de sciences Po Paris. Rappelons que si la CPNEJ examine de nombreuses demandes, elle ne reconnaît traditionnellement pas beaucoup de cursus en journalisme. Victime de ce malthusianisme cette année, l’IEP de Grenoble. En dépit d’importants efforts entrepris par Gilles Bastin, le directeur de la formation, Sciences Po Grenoble n’a pas pu obtenir cette fois-ci la reconnaissance. « Suite à un manquement à un critère de la CPNEJ » sur lequel la CFDT ne donne pas plus de précisions sur son site, la reconnaissance a du être différée. A n’en pas douter l’existence d’une école de journalisme déjà reconnue à Grenoble 3 a pu constituer un frein à une nouvelle reconnaissance dans la région. La formation de l’IUT de Lannion se voit également menacée du fait de son insuffisante séparation entre l’information et la communication, selon la CPNEJ. En revanche, le Celsa, vient de passer sans trop de difficultés l’épreuve en obtenant ce mois de juin 2013 la prolongation de son label pour une durée de 5 ans.

Cette reconnaissance offre avant tout des avantages symboliques puisqu’elle facilite grandement la collecte de taxe d’apprentissage auprès des entreprises de médias. Autre avantage : devenir un cursus reconnu permet de faire accéder ses étudiants journalistes à divers concours de la profession réservés à ce club d’écoles. Enfin, du point de vue des diplômés, l’obtention de la carte de presse est plus rapide puisqu’elle s’opère en un an au lieu de deux (le statut de « stagiaire » est réduit d’un an), mais ce point est sans doute moins pregnant aujourd’hui qu’il y a quelques années du fait de l’évolution du marché du travail et de la précarité qui affecte le métier et vient relativiser la valeur réelle de la carte de presse.


[1] Compte rendu de la CPNEJ, CFDT, 15 mars 2013. http://www.journalistes-cfdt.fr/news/582/15/Une-nouvelle-ecole-reconnue-a-Cannes-Nice.html

[2] Pour plus d’informations, voir l’article de Matthieu Oui, http://www.letudiant.fr/etudes/ecoles-specialisees/les-labels-des-cursus-filieres-specialise-e-s-11194/journalisme-la-reconnaissance-de-la-cpnej-decryptee-14887.html

[3] http://www.cnmj.fr/basedocumentaire/cpnej/

[4] Ivan Chupin, Aude Soubiron et Cyprien Tasset, « La diversité dans les écoles de journalisme : dispositifs, pratiques et résultats en terme d’insertion professionnelle », rapport à la CNMJ, septembre 2012, http://www.cnmj.fr/2012/10/rapport-diversite-ecoles-de-journalisme/

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