Master journalisme : comment se repérer ?

Master journalisme : comment se repérer ?

Les diplômes de master journalisme se suivent mais ne se ressemblent pas. Tout d’abord, il faut bien distinguer les diplômes reconnus par l’État des autres. En effet, avec l’autonomie des universités, on a vu proliférer des diplômes de master d’établissements qui se distinguent souvent des diplômes nationaux de master. Autrement dit, proclamer son propre master ne donne pas pour autant une reconnaissance par l’État. Dans certains cas, ces diplômes « de site » peuvent détenir une valeur importante car l’établissement est bien coté académiquement. Dans d’autres cas, ils constituent un vrai leurre pour les étudiants puisqu’ils ne leur ouvrent pas d’équivalence solide dans le monde universitaire et/ou professionnel.

Reconnaissance(s) des masters de journalisme

Il faut donc en général préférer les masters journalisme des écoles reconnues par la profession. Ceux-ci sont en général également reconnus par l’État en parallèle. Il existe en effet un double circuit de reconnaissance des diplômes. L’État évalue les curricula, la qualité des universitaires et envoient ses propres experts dans l’ensemble des écoles de journalisme. La profession dispose d’une Commission réunissant des syndicalistes et des patrons qui délivre un label de « reconnaissance par la profession » à des diplômes d’écoles.

L’offre de formation publique est déjà très importante dans le journalisme. Dans le cas des écoles reconnues au sein des universités, le diplôme est d’emblée reconnue par l’État. C’est le cas des masters journalisme du Celsa, du CUEJ de Strasbourg, de l’IJBA de Bordeaux. Les IUT délivrent également un diplôme reconnu par l’Etat mais de niveau licence (L2 ou L3). Les trois formations publiques délivrant des masters de journalisme bénéficient d’une expérience très importante dans le domaine du journalisme puisqu’elles existent depuis les années 1970 et 1980. L’école de journalisme de Grenoble est plus récente et apparaît comme une école à la reconnaissance professionnelle moins installée. Les formations du CUEJ et du Celsa n’ont rien à envier aux meilleures écoles privées (CFJ, ESJ de Lille par exemple). La formation y est professionnalisée et les écoles jouissent d’importants moyens techniques, notamment audiovisuels.

La plupart des écoles de journalisme privées reconnues délivrent aussi aujourd’hui un diplôme de master reconnu par l’État. En effet, l’IPJ s’est associé à l’université Paris Dauphine pour délivrer son master de journalisme. Le CFJ a fait de même avec l’Université Paris I. L’ESJ de Lille travaille en relation avec Sciences-Po Lille. L’ensemble des ces formations s’est vu « masterisé ». En revanche, l’école de journalisme de Toulouse ne délivre pas encore de master reconnu par l’État puisqu’elle ne collabore pas avec une structure publique (université, IEP de Toulouse). Toutefois, cela n’en affecte pas la valeur auprès des professionnels. Cette école reste une école de journalisme reconnue.

Les masters de journalisme au sein des IEP

Au cours des dix dernières années, on a assisté à l’apparition de nouveaux diplômes de master journalisme dans certains de IEP (Instituts d’Études Politiques). Dès 2004, Sciences Po Paris lance sa nouvelle école de journalisme. Dans le même temps divers IEP développent leur offre formation et ouvrent leur propre master journalisme. Dans certains cas, ces masters s’adossent à des centres de recherche spécialisés sur le journalisme et les médias. A Sciences-Po Rennes, le master journalisme Reportage et Enquête cherche ainsi à remédier au déficit d’enquête dans le métier. Il propose une formation fortement reliée aux sciences sociales et à des pratiques comme l’immersion ethnographique. Il en est de même à l’IEP de Toulouse où il existe un master de journalisme [1]. Ce master prévoit de nombreux enseignements généraux (action publique, politique économique, politique comparée), des enseignements plus spécialisés tournés vers le métier (droit de la presse, web et économie des médias) et des séminaires d’apprentissage des techniques professionnelles (radio, télévision, presse écrite et web). Ce master insiste également sur l’internationalisation du journalisme en faisant intervenir de nombreux analystes et chercheurs spécialistes des médias en provenance des meilleures universités américaines (Columbia, New York University…).

Ces diplômes peuvent vous permettre de bénéficier de l’image de marque des Sciences Po et de sa sélectivité. En revanche, du fait de leur orientation plus tournée vers les sciences sociales, ils ne mettent sans doute pas autant que les écoles reconnues l’accent sur des enseignements pratiques qui sont plus onéreux en général. Sur ce point on peut noter deux exceptions. A Lille, le master journalisme de l’IEP est plus tourné vers une préparation aux écoles de journalisme et l’apprentissage pratique du métier. L’école a mis en place un partenariat spécifique avec l’ESJ de Lille. Mais certains étudiants continuent leur formation dans ce master sans aller à l’ESJ de Lille. Pour eux, la formation se fait assez pratique et laisse une place à quelques enseignements généraux liées au métier (sociologie des médias, histoire de la presse). A Grenoble, le master journalisme Enquête journalistique & Convergence Numérique constitue un sérieux concurrent de l’école de journalisme de Grenoble publique reconnue par la profession. Dans ses enseignements, l’accent est mis sur l’acquisition de savoir pratiques et de repères théoriques liés à la sociologie et à l’histoire du métier et de ses pratiques.

Passer par ce type de master journalisme d’IEP peut donc constituer une assez bonne alternative aux écoles de journalisme reconnues.

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